Menu

La Fédération française des sociétés d'assurance, branche spécialisée du MEDEF, a rendu public début juin son plan de privatisation partielle de l'assurance maladie. Il s'agit d'imposer un nouveau partage des rôles entre les complémentaires et la sécurité sociale en cantonnant cette dernière à un rôle minimal de couverture universelle de base prenant en charge les « gros risques » (traduisez : les affections non rentables : longues maladies, pathologies dues au handicap ou à la vieillesse...). Dans le même temps, les « petits risques » (soins dentaires, optique...) ne seraient plus du tout remboursés par la sécu, mais uniquement par les assurances.
Derrière le discours patelin qui promet à tous de meilleurs remboursements et une gestion plus efficace des soins, il y a pourtant le masque grimaçant de l'exclusion sociale : un enfant développant une mauvaise vue car ses parents ne peuvent pas payer les barons financiers aura plus de difficultés pour apprendre à lire, et les inégalités se développeront encore davantage.

Bien sûr, nul ne prétendra que ce gouvernement-là préfère les patrons à la nation ! Personne n'affirmera que la réforme de l'assurance maladie annoncée pour la rentrée sera demain l'enfant illégitime d'un patronat revanchard qui depuis des mois refuse de siéger dans les caisses !
Pourtant, il n'est que trop prévisible que, sous prétexte de « sauver l'assurance maladie », le gouvernement s'apprête à démanteler la protection sociale. Depuis deux ans, le déficit de la branche maladie de la sécurité sociale a explosé, passant de 1,6 Mds € en 2000 à 9,2 Mds annoncés pour 2003. Dans le même temps, ce ne sont pas moins de 19,7 Mds € qui ne sont pas rentrés du fait des exonérations de la part patronale des cotisations sociales non compensées par le budget de l'État. Cette politique des caisses vides a toujours été utilisée par les néolibéraux pour justifier la transformation en marché de secteurs où les revenus étaient jusque-là socialisés.

Pour Jean-François Mattéi, le ministre de la santé, comme pour Juppé avant lui, l'objectif n'est pas en vérité de diminuer les dépenses de santé, car elles sont sources de juteux profits pour le secteur privé à but lucratif. Le but n'est pas non plus de mieux répondre aux exigences des patients, puisque les grandes multinationales pharmaceutiques exercent une véritable mainmise sur l'information et la formation continue des médecins, par le contrôle de la quasi-totalité de la presse médicale et la dérive commerciale des visiteurs médicaux.

Pour le système de santé, tant public que privé non lucratif, les conséquences de la marchandisation de la santé ne sont pas anodines :

L'assurance maladie ne survivra pas par le statu quo. De nombreuses questions se posent : comment rapprocher l'hôpital des soins de ville, comment mettre fin à la surconsommation médicamenteuse, comment assurer une couverture complémentaire à ceux qui en sont actuellement exclus ?
Ces questions doivent faire l'objet d'un véritable débat citoyen. Il faut prendre le temps pour cela. Le gouvernement ne devra pas chercher à passer en force, sans quoi l'esprit de mai-juin 2003 pourrait bien revenir lui gratter les orteils !